C'est d'abord pour des raisons professionnelles que je me suis rendu à Madagascar. Le réseau APM, présent partout dans le monde, m'a proposé deux interventions pour des dirgeants d'Antananarivo, la ville aux mille collines. J'en ai profité pour, ensuite, partir à la recherche de systèmes de mémoire locaux. Au-delà de cette recherche, toujours la même envie d'apprendre et de découvrir une culture différente.
Madagascar : une île aux ressources incroyables
Madagascar est une immense île un peu plus grande que la France. Méconnue, me semble-t-il, à part à travers le dessin animé du même nom, elle fait partie de ces destinations coup de cœur qui méritent d'être partagées. Honnêtement, bien que voyageur dans l'âme, je ne m'y serais pas rendu spontanément. Et c'est souvent comme ça : je n'avais aucune vraie attente et la surprise a été totale.
Présenté comme l'un des pays les plus pauvres du monde, Madagascar est cependant une île dotée de ressources incroyables. Elle a vraiment tout ce qu'il faut pour être à la fois attractive et prometteuse. Ne serait-ce qu'au niveau du tourisme : la variété des paysages, ces couleurs et la gentillesse des Malgaches : autant d'atouts qui garantissent un chouette séjour. Le vrai problème se situe au niveau des infrastructures. Les routes, les moyens de communication ne sont absolument pas à jour. La circulation est juste infernale aux heures de pointe. Au-delà, le manque de moyens dans les écoles, la santé, et d'une façon générale dans le social expliquent largement pourquoi cette région n'est pas au niveau qu'elle devrait être. C'est donc un pays sous-développé avec un énorme potentiel. Et une population très jeune puisque l'âge moyen est d'environ 23 ans ! Composée d'environ 30 millions d'habitants, on estime que ce nombre va doubler d'ici 2050.
Présenté comme l'un des pays les plus pauvres du monde, Madagascar est cependant une île dotée de ressources incroyables. Elle a vraiment tout ce qu'il faut pour être à la fois attractive et prometteuse. Ne serait-ce qu'au niveau du tourisme : la variété des paysages, ces couleurs et la gentillesse des Malgaches : autant d'atouts qui garantissent un chouette séjour. Le vrai problème se situe au niveau des infrastructures. Les routes, les moyens de communication ne sont absolument pas à jour. La circulation est juste infernale aux heures de pointe. Au-delà, le manque de moyens dans les écoles, la santé, et d'une façon générale dans le social expliquent largement pourquoi cette région n'est pas au niveau qu'elle devrait être. C'est donc un pays sous-développé avec un énorme potentiel. Et une population très jeune puisque l'âge moyen est d'environ 23 ans ! Composée d'environ 30 millions d'habitants, on estime que ce nombre va doubler d'ici 2050.
Antananarivo, la ville aux mille collines
Pour celles et ceux qui ont déjà voyagé en Afrique, on retrouve à Antananarivo cette ébullition typique de ces villes en plein essor : des voitures partout, du bruit, des gens qui traversent n'importe où et n'importe comment, une interprétation du code de la route très personnelle... Bref, un vaste "bordel" si vous me permettez l'expression.
Capitale de Madagascar, Anatananarivo est surnommée la ville aux mille collines. Très étendue, elle abrite plus de 3 millions d'habitants avec l'agglomération. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de visiter la ville. Par contre, j'ai pu profiter d'un chouette endroit, le Relais des Plateaux, dirigé par Nicolas et Fleur, les heureux propriétaires. Et à défaut de visite, ils m'ont largement présenté le fonctionnement de la région et du pays. Les membres du réseau APM, de leur côté, ont su me partager également leur histoire, leurs liens avec le pays et plus particulièrement avec Antananarivo. Au final, j'ai plutôt découvert la ville à travers les vitres des voitures qui me conduisaient d'un lieu à l'autre. Mais rien de gênant : je n'avais de toute façon pas prévu de m'attarder ici.
Capitale de Madagascar, Anatananarivo est surnommée la ville aux mille collines. Très étendue, elle abrite plus de 3 millions d'habitants avec l'agglomération. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de visiter la ville. Par contre, j'ai pu profiter d'un chouette endroit, le Relais des Plateaux, dirigé par Nicolas et Fleur, les heureux propriétaires. Et à défaut de visite, ils m'ont largement présenté le fonctionnement de la région et du pays. Les membres du réseau APM, de leur côté, ont su me partager également leur histoire, leurs liens avec le pays et plus particulièrement avec Antananarivo. Au final, j'ai plutôt découvert la ville à travers les vitres des voitures qui me conduisaient d'un lieu à l'autre. Mais rien de gênant : je n'avais de toute façon pas prévu de m'attarder ici.
Deux interventions sur l'art de la mémoire pour une quarantaine de chefs d'entreprise locaux attentifs et participatifs m'ont permis de faire de belles rencontres. Parmi elles, Toky (prononcez "Touk"). Toky est venu me voir à la fin de la journée pour m'annoncer qu'il me suivait depuis l'âge de 15 ans sur Internet. Lui-même âgé de 35 ans aujourd'hui, j'ai rapidement fait le calcul : ça fait quand même un paquet d'années que j'ai démarré cette aventure web où je vous partage mes réflexions, voyages, stratégies. Et c'est évidemment très touchant de se rendre compte que je ne fais pas ça pour rien ;) . Au passage, je remercie les animatrices Tiana Lanto Rajoelisolo et Hanta Ramakavelo qui ont organisé ces journées et permettre leur succès.
De Antsirabé à Betafo
Et c'est justement Hanta Ramakavelo qui s'est chargée de me programmer un périple en dehors de Antananarivo. Ma demande était de pouvoir découvrir des systèmes de transmission d'informations. Idéalement des "outils et systèmes mémoire". Madagascar est composée de 18 ethnies et ça n'est pas évident de trouver des "méthodes anciennes" dont le rôle est de permettre la récupération de l'histoire d'une personne, d'un village, d'un pays.
Et c'est donc en prenant la direction du sud du pays que nous sommes partis. 170 km sur une route très empruntée, en mauvais état, pour un voyage d'environ 5h00 ! Oubliez l'autoroute, oubliez la distance : ici tout se calcule en temps.
Les paysages sont vraiment magnifiques. Difficiles à décrire ; ils alternent entre du vert, du rouge/ocre, du jaune. Des rizières à perte de vue donnent une couleur verte intense :
Et c'est donc en prenant la direction du sud du pays que nous sommes partis. 170 km sur une route très empruntée, en mauvais état, pour un voyage d'environ 5h00 ! Oubliez l'autoroute, oubliez la distance : ici tout se calcule en temps.
Les paysages sont vraiment magnifiques. Difficiles à décrire ; ils alternent entre du vert, du rouge/ocre, du jaune. Des rizières à perte de vue donnent une couleur verte intense :
Antsirabé : ville thermale
Antsirabé est une ville d'eau et... De sel : Antsirabé signifie "plein de sel" et on y retrouve une production de sel "gemme", a priori plus naturel et bio que d'autres sels. On y compte environ 300 000 habitants ; c'est une ville à taille humaine que j'ai trouvée très agréable avec énormément de pousse-pousses et de vélos. On y retrouve aussi un centre thermal. La température reste très supportable : nous sommes à 1500 m d'altitude et même en cette saison chaude, on ne dépasse pas les 25 degrés.
Région volcanique, les paysages sont très vallonnés même si la cité reste très plate. On doit son urbanisation aux norvégiens qui ont notamment fait construire des églises Luthériennes. D'ailleurs, au départ d'Antsirabé, notre destination est Betafo où se trouve la toute première église Luthérienne, construite en 1867.
Région volcanique, les paysages sont très vallonnés même si la cité reste très plate. On doit son urbanisation aux norvégiens qui ont notamment fait construire des églises Luthériennes. D'ailleurs, au départ d'Antsirabé, notre destination est Betafo où se trouve la toute première église Luthérienne, construite en 1867.
Betafo : le village "plein de toits"
Nous sommes dans la région des hauts plateaux. En Malgache, "Be" signifie "plein". Et tafo "toit". Direction le village "plein de toits" pour une randonnée de 3h00 dans la campagne locale. Si je ne découvre pas de systèmes mnémoniques dans cette région, c'est en discutant avec Hanta et José, notre guide, que j'apprends qu'il existe dans le sud de l'île un art funéraire qui consiste à créer des statues et dont le rôle est de raconter l'histoire des défunts. Les aloalo sont associés au peuple Mahafaly.
Dès la sortie d'Antsirabé, on est tout de suite plongé dans le "vrai" Madagascar. De nombreux villages avec de nombreuses échoppes, mais aussi des familles entières d'agriculteurs qui passent une bonne partie de leur temps dans les champs, pendant que les enfants jouent dans la nature. La balade commence et José nous raconte l'histoire de la région, notamment le rapport à la terre et la culture du riz, du maïs et de bien d'autres légumes. C'est d'ailleurs une région légumière et pas une seule parcelle ne semble disponible. Tout est cultivé, exploité ce qui donne d'immenses étendues de verdures, de champs, de montagnes à étages. En grimpant une petite montagne, nous passons devant le groupe scolaire local. Il permet aux enfants du village, parfois situés à plusieurs kilomètres de là, de suivre un parcours scolaire de base qui, peut-être, leur permettra ensuite d'aller au collège et au lycée. La terre change de couleur et l'ocre domine. On croise des zébus qui tirent une charrette.
Dès la sortie d'Antsirabé, on est tout de suite plongé dans le "vrai" Madagascar. De nombreux villages avec de nombreuses échoppes, mais aussi des familles entières d'agriculteurs qui passent une bonne partie de leur temps dans les champs, pendant que les enfants jouent dans la nature. La balade commence et José nous raconte l'histoire de la région, notamment le rapport à la terre et la culture du riz, du maïs et de bien d'autres légumes. C'est d'ailleurs une région légumière et pas une seule parcelle ne semble disponible. Tout est cultivé, exploité ce qui donne d'immenses étendues de verdures, de champs, de montagnes à étages. En grimpant une petite montagne, nous passons devant le groupe scolaire local. Il permet aux enfants du village, parfois situés à plusieurs kilomètres de là, de suivre un parcours scolaire de base qui, peut-être, leur permettra ensuite d'aller au collège et au lycée. La terre change de couleur et l'ocre domine. On croise des zébus qui tirent une charrette.
Encore quelques minutes de marche et nous voici arrivés au sommet. D'ici on domine deux vallées et on ne peut que constater l'étendue des cultures. L'ensemble est paisible et très joli :
Nous sommes à mi-chemin. Au loin, on aperçoit notre destination finale. Pour y parvenir, nous continuons notre route sur un sentier de terre. Mais avant, José nous parle des nombreux tombeaux que nous croisons au sommet de la montagne, au plus près du ciel. Dans la culture Malgache, les membres d'une même famille sont enterrés ensemble. Pas de cercueil, le défunt est enveloppé dans un linceul de soie. Pour reconnaître les morts, on y accroche un objet rappelant la personne. C'est important car certaines familles pratiquent ce qu'on appelle ici "le retournement des morts" : le famadihana. Au bout de 3, 5 ou 7 ans, les morts sont exhumés, reconstitués et rhabillés. C'est un rituel qui, a priori, se veut familial et joyeux.
Au cours de notre descente, nous traversons des villages. C'est dimanche et les habitants reviennent de la messe pour certains. Pour d'autres, c'est l'occasion de pratiquer un "sport" très en vogue : la pétanque ! J'apprends que Madagascar a même été championne du monde en 2016 ! Les marseillais n'ont qu'à bien se tenir !
Au cours de notre descente, nous traversons des villages. C'est dimanche et les habitants reviennent de la messe pour certains. Pour d'autres, c'est l'occasion de pratiquer un "sport" très en vogue : la pétanque ! J'apprends que Madagascar a même été championne du monde en 2016 ! Les marseillais n'ont qu'à bien se tenir !
Nous touchons au but : nous apercevons l'église luthérienne, construite en 1867 par Nils NIELSEN. Cette église est importante car, depuis, plus de 2 millions de Malgaches se sont convertis à la religion luthérienne. Après l'avoir visitée, nous continuons notre visite jusqu'à une stèle racontant l'histoire d'un roi local, Andrianonitomponintany, trahi par un de ses frères qui a convaincu le roi de Antananarivo qu'il comptait l'attaquer. Le roi de Betafo, arrêté et jugé est mort par empoisonnement selon un procédé pour le moins curieux : condamné à boire du poison, son innocence aurait été reconnue s'il avait survécu. Comme vous vous en doutez, il a succombé à la mixture et repose désormais dans le tombeau visible ci-dessous.
Après le déjeuner chez l'habitant, une Malgache propriétaire d'un gîte, nous nous dirigeons vers le lac Tritriva. Après 10 km de route sur une piste défoncée, nous arrivons sur le lieu. Ce lac volcanique est sacré à Madagascar. Il est associé à de mystérieuses légendes locales. D'abord, en l'observant d'en haut, sa forme rappelle la forme de l'île. Bon, ok, il faut faire preuve d'un peu d'imagination, mais c'est amusant à constater.
On raconte aussi l'histoire d'amour de deux amants maudits : Rabeniomby, issu d'une famille modeste et Ravolahanta, de sang royal. Et comme dans toute belle histoire d'amour, vous l'aurez compris, cette différence sociale était un frein à leur union. Mais l'amour triomphe de tout : ils décident donc de s'unir dans la mort. S'enveloppant dans un drap de soie, ils plongent dans le lac pour s'y noyer. La légende raconte qu'à leur mort, deux arbres entrelacés sont apparus, symbolisant les deux amants. Et que si ces deux arbres étaient séparés, ils se mettraient à saigner.
La légende du lac ne s'arrête pas là : il parait que lorsqu'un jeune homme meurt dans le village, l'eau passe au rouge. Et à chaque événement important sur l'île, la couleur de l'eau changerait également. Notez au passage, qu'il est strictement interdit de manger du porc avant et pendant la visite du site. Et si vous ne respectez pas cette mise en garde, alors vous finirez peut-être comme ce chinois qui, après en avoir mangé, s'est baigné dans le lac. Il s'y est noyé et on n'a jamais retrouvé son corps...
La légende du lac ne s'arrête pas là : il parait que lorsqu'un jeune homme meurt dans le village, l'eau passe au rouge. Et à chaque événement important sur l'île, la couleur de l'eau changerait également. Notez au passage, qu'il est strictement interdit de manger du porc avant et pendant la visite du site. Et si vous ne respectez pas cette mise en garde, alors vous finirez peut-être comme ce chinois qui, après en avoir mangé, s'est baigné dans le lac. Il s'y est noyé et on n'a jamais retrouvé son corps...
Retour sur Antsirabé
Il est temps de rentrer à Antsirabé. Cette immersion dans la vie locale Malgache est passionnante. Loin de représenter la vie à Madagascar, elle permet cependant de se faire une idée. Et de rappeler l'écart incroyable entre ce pays, où les gens sourient, s'adaptent, et des pays comme le notre où nous ne sommes pas toujours capables de prendre conscience de l'incroyable chance d'être né français.
J'aurais pu vous raconter ces moments furtifs où, de la fenêtre de l'hôtel, j'observe un petit garçon allongé sur le trottoir. Habillé bizarrement, sans chaussures. Il passe le temps. Ou plus exactement le temps passe sur lui. Ou encore ces enfants dans la campagne qui jouent avec de la boue et construisent des foyers imaginaires pour faire cuire de la nourriture imaginaire.
J'aurais pu aussi vous raconter ces gens qui, sur des vélos de fortune, transportent des bidons de lait. Ou encore ces villageois qui remontent de la seule vraie attraction locale : la messe. Endimanchés, ils sont vêtus de leurs plus beaux habits. J'ai eu parfois l'impression de remonter dans le temps. Jusqu'où ? 50 ans ? 100 ans ? Impossible à dire, mais j'étais loin de 2024. Dans tous les cas, ces expériences de vie permettent toujours de relativiser les petits tracas du quotidien et je vous invite, si vous ne l'avez jamais fait, de tenter l'aventure. Madagascar est un pays certes très pauvre, mais aussi très attachant. Je ne peux que vous encourager à vous y rendre et constater par vous-même !
J'aurais pu vous raconter ces moments furtifs où, de la fenêtre de l'hôtel, j'observe un petit garçon allongé sur le trottoir. Habillé bizarrement, sans chaussures. Il passe le temps. Ou plus exactement le temps passe sur lui. Ou encore ces enfants dans la campagne qui jouent avec de la boue et construisent des foyers imaginaires pour faire cuire de la nourriture imaginaire.
J'aurais pu aussi vous raconter ces gens qui, sur des vélos de fortune, transportent des bidons de lait. Ou encore ces villageois qui remontent de la seule vraie attraction locale : la messe. Endimanchés, ils sont vêtus de leurs plus beaux habits. J'ai eu parfois l'impression de remonter dans le temps. Jusqu'où ? 50 ans ? 100 ans ? Impossible à dire, mais j'étais loin de 2024. Dans tous les cas, ces expériences de vie permettent toujours de relativiser les petits tracas du quotidien et je vous invite, si vous ne l'avez jamais fait, de tenter l'aventure. Madagascar est un pays certes très pauvre, mais aussi très attachant. Je ne peux que vous encourager à vous y rendre et constater par vous-même !