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Pourquoi oublie-t-on ? Les ravages de la courbe de l'oubli

Ne vous est-il jamais arrivé d'aller au lit et puis, soudain, de vous souvenir d'une chose importante que vous ne devez pas oublier pour le lendemain ? Personnellement, ça m'arrive très souvent. 
C'est Hermann Hebbinghaus, psychologue allemand, qui en 1885 évoque ce qu'il appelle la courbe de l'oubli dans son livre "La mémoire. Recherches de psychologie expérimentale". Dans ce livre, il raconte sa propre expérience d'apprentissage d'une liste de syllabes sans signification. Lors de cette expérience, il constate qu'une heure seulement après avoir appris cette liste, il en a déjà oublié la moitié. L'oubli devient ensuite plus progressif.
courbe oubli
Un autre chercheur, Endel Tulving, a proposé une approche complémentaire : selon lui, les souvenirs ne sont pas forcément effacés, mais plutôt difficiles d'accès. Un indice permet souvent de les retrouver : le contexte dans lequel on a appris, une piste sémantique...
D'autres études ont montré que le problème se situait souvent au niveau des interférences dites rétroactives. Les magiciens connaissent bien ce principe puisque la plupart des tours de magie s'appuient sur ce qu'on appelle les parenthèses d'oubli. En effet, l'artiste prestidigitateur, s'il veut tromper son public, sépare dans le temps et l'espace l'astuce qui lui permet de réaliser une illusion et l'illusion provoquée aux yeux du public. Entre les deux, différentes actions sont entreprises pour "noyer le poisson". La mémoire, victime de ces interférences, a du mal à retrouver avec exactitude le déroulement du numéro. Piégé, le cerveau interprète alors l'illusion comme un "tour de magie", une situation inexplicable.
Revenons à l'oubli : concrètement, une information apprise perturbée par des interférences va s'oublier plus rapidement qu'une autre qui a pu bénéficier d'une consolidation : révision, réactivation. C'est pour cette raison que les étudiants seraient bien inspirés de réactiver leurs cours rapidement, dans la journée, pour éviter de "tout oublier". Et ça pourrait certainement inspirer le système éducatif qui propose plusieurs matières dans une même journée d'étude : passer du français aux maths et à l'histoire-géo en quelques heures ne facilite sans doute pas l'acquisition de nouvelles connaissances... Surtout lorsqu'on sait qu'un étudiant ne se replongera dans ses cours que plusieurs jours après !
La mémoire et l'oubli sont indissociables : l'une ne va pas sans l'autre. Si, parfois, l'oubli peut être dérangeant, il fait partie de la mémoire et lui permet cependant de ne pas surcharger cette faculté d'informations inutiles. Du moins d'un point de vue conscient car la plupart des chercheurs pensent qu'au final la mémoire stocke de très nombreuses informations. Mais nous n'en avons pas toujours conscience...

Contrer l'oubli grâce à la mnémotechnique

Pour y remédier aux oublis du quotidien, j'utilise une technique issue de la méthode des liens : les indices. Un indice sert de "crochet mémoire". L'exemple le plus connu est le nœud sur le mouchoir : pour se souvenir de ce qu'on veut faire, on fait un nœud à son mouchoir. De sorte que, lorsque nous le sortons de la poche, nous nous apercevons de ce nœud. Immédiatement, par association, nous nous rappelons de la tâche à effectuer. 
Le problème du nœud sur le mouchoir, c'est que nous allons nous rappeler de la tâche lorsque nous allons sortir le mouchoir de la poche. Pas très pratique : et si nous ne le sortons pas de la journée ? Le plus sûr est de s'inspirer de cette technique, mais de la rendre plus fiable. Lorsque je sème un indice, je m'assure que ce dernier se trouve sur le trajet que je vais effectuer : devant ma porte de ma chambre ou devant ma porte d'entrée, bien en évidence. Habituellement, je ne m'embête pas : si je sème un indice juste avant de me coucher, et pour éviter de me lever (je déteste me lever quand je suis couché), je me contente de lancer un objet quelconque contre la porte de ma chambre (très souvent une chaussette d'ailleurs !). Si bien que, le matin, dès que je me lève, je me trouve face à mon indice. Immédiatement, je fais ce que j'ai à faire ou, si ce n'est pas le moment de le faire, je sème un nouvel indice à un nouvel endroit clé (ma porte d'entrée, mon téléphone etc). 
Cette technique de lien est très, très utile et me permet, généralement, de ne rien oublier d'important : c'est de la mnémotechnique, ni plus ni moins. La mnémotechnique s'appuie sur ce que nous savons déjà . Bien utilisée, elle peut être d'un très grand secours dans la vie de tous les jours. Retenez bien ce principe, mis en œuvre par les procédés mnémotechniques : pour mieux mémoriser, appuyez-vous sur ce que vous savez déjà . Reliez l'inconnu au connu.
Par exemple, lorsque vous voyez une nouvelle voiture, celle-ci vous apparaît comme étant une "voiture" parce que vous l'associez à toutes les autres que vous avez vues avant ! Peu importe que ce soit une Ford ou une Renault, c'est une voiture et, pour mémoriser ce nouveau véhicule il a fallu que, inconsciemment, votre cerveau l'identifie comme étant une voiture. Quand un enfant naît, sa mémoire est vierge. Seule la mémoire automatique est active : elle lui assure sa survie. A force de voir ses parents, il va les reconnaître. Puis, il va associer à ses parents les autres personnes qui les côtoient : ce n'est qu'au bout de plusieurs mois qu'il va mémoriser ces étrangers, lorsqu'il les aura vus et revus. Associer les informations entre elles vous permet de les comprendre et donc de les mémoriser, et de ralentir l'oubli.
Imaginons un cours d'histoire. Vous racontez à vos élèves l'histoire de Christophe Colomb et la découverte des Amériques. Pour que ceux-ci comprennent tout ce que vous dites, vous allez devoir présenter le continent américain, situer Christophe Colomb dans le temps, dans l'espace. Ainsi, par association, vos élèves vont pouvoir suivre votre histoire et la comprendre.
Selon le chercheur John Mc Clelland, "tant qu'une association est stockée dans l'hippocampe, il y a des opportunités de la rejouer pour le néocortex. A ces occasions les neurones de l'hippocampe sont réactivés, ce qui, par propagation, réactive dans le néocortex les ensembles de neurones qui représentent cette même association. Les connexions entre ces neurones changent alors un petit peu pour inscrire un peu plus profondément l'association dans la mémoire corticale. A chaque fois que l'hippocampe rejoue l'information au cortex, celle-ci se retrouve un peu plus consolidée dans le néocortex. C'est donc par ce processus progressif que les informations sont transférées de l'hippocampe vers le nécortex. Si, l'hippocampe est enlevé, les connaissances consolidées dans le néocortex avant le retrait resteront. Par contre, le néocortex ne pourra plus apprendre de nouvelles informations car il aura perdu son "professeur".
Donc, la mnémotechnique est une étape pour mieux retenir, mais aussi pour mieux récupérer. Elle peut faire office d'indice récupérateur...

Vos réactions (2)

Bonjour Vincent.
Merci pour cet article sur ce sujet fondamental qu'est la courbe de l'oubli.
C'est vrai que les profs seraient bien inspirés de la prendre en compte dans leur pédagogie.
En ce qui me concerne, j'ai l'habitude de revoir une heure après et une nouvelle fois le lendemain. ça marche très bien.
Cyril

par Hanane . , il y a 11 ans

Excellent article, extrêmement subtil qui nous fait dépasser la simple dichotomie mémoire récente / mémoire ancienne. J'ai appris plein de choses... rassurantes !

par Proviseur Thierry , il y a 4 ans

Merci Thierry !

par Vincent Delourmel , il y a 4 ans
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