Dubaï : la ville de tous les possibles

Je vais être direct : je ne pourrais pas vivre à Dubaï. Avec le temps, j'avoue être bien plus attiré par les choses simples de la vie et, surtout, authentiques. La totalité des français que j'ai rencontrés sur place, des dirigeants pour la plupart, sont tous heureux de vivre ici. Les raisons sont multiples et très faciles à comprendre : le soleil toute l'année, les salaires, le dynamisme, l'ouverture sur le monde, moins de fiscalité... Ici, on a l'impression que tout est possible. Et d'une certaine façon, ça l'est : Dubaï et toute la région ont relevé ce défi incroyable de dompter le désert. Même si tout paraît "artificiel", que tout semble importé d'ici ou là, ça reste plutôt très réussi. Il y a de la verdure, des arbres, des oiseaux, des plages... Un centre urbain, des métros, des tramways, des routes, des parcs d'attraction : rien ne manque.

Honnêtement ? C'est bluffant. Oui, ça interroge, car oui ça demande des moyens considérables. L'eau courante ? Aucun problème : une usine s'occupe de dessaler l'eau de mer. L'énergie ? N'oublions pas que les Émirats font partie des plus gros exportateurs de pétrole au monde. Leur fortune est colossale. Pour toute personne attirée par le business, c'est clairement "the place to be". Mais attention, vivre à Dubaï se mérite. Par exemple, vous ne pouvez pas rester plus de 20 jours sans emploi. Au-delà, votre visa expire et vous devez quitter le pays. La concurrence est rude et pour survivre il faut travailler beaucoup et très fort. Les loyers sont très chers et ils sont payables d'avance sur un an. Réseauter est nécessaire et c'est évidemment mieux si vous gagnez très bien votre vie. Car, oui, il y a moins de taxes qu'en France. Cependant vous devrez débourser de grosses sommes pour vous loger, financer votre mutuelle, l'école des enfants... Bref, vous l'avez compris : il n'y a pas tellement de place pour les dilettantes.

Je suis arrivé en plein conflit Israëlo-Palestinien. Mon avion a d'abord été annulé et j'ai bien cru que je ne pourrais pas me rendre sur place. Au final, un vol a été affrété avec un nouvel itinéraire. C'est donc sans encombres que je suis arrivé à Dubaï avec cette première question : la position des Émirats dans ce conflit. La réponse, claire, nette, précise : neutralité absolue. Non pas que ça les indiffère, mais ça n'est juste pas leurs affaires et, il me semble, leur enjeu n'est pas là. Les émiratis sont très intelligents. Cultivés. Ils ont compris depuis bien longtemps que l'avenir est lié à leur capacité à s'ouvrir au monde. A être audacieux. A s'élever et montrer qu'ils sont capables. Tout autant que les occidentaux. Avec les occidentaux. Dubaï vit à fond et repousse sans cesse ses limites. En voici quelques exemples très concrets. Attention : il est très facile de juger et de rester sur une pensée "occidentale" et avoir l'impression que c'est complètement décalé et inadapté. C'est évidemment plus "gris" que ça.

Imaginez : il est 14h00. Dehors, il fait 40°C. Vous ne marchez pas deux mètres que vous êtes en nage. Vite, vous vous abritez dans un centre commercial, climatisé. Et là, au beau milieu de ce complexe, une piste de ski. Attention, pas une petite piste, non : une piste de 400 mètres de long, avec de la neige qui tombe par intermittence, des luges, des remontées mécaniques :

Une aberration ? Un bras d'honneur à l'écologie ? Ils vous répondent que c'est la demande des gens. Et que de toute façon, soit ils skient sur place, soit ils prennent l'avion pour aller skier. Par ailleurs, il semblerait que l'eau récupérée de cet ensemble serve à alimenter la climatisation du complexe commercial qui est déjà très grand (même si ça n'est pas le plus grand). En tout cas : vous pouvez skier à Dubaï, pour de vrai, et ils organisent même des semaines scolaires pour les enfants.  Et puis, ils savent vous rappeler que par chez nous il y a des patinoires. C'est pas faux.