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Le raisonnement motivé est un biais cognitif, c’est-à-dire un raccourci mental que notre cerveau prend pour aller plus vite… mais qui peut nous faire dévier de la bonne route. Ici, le raccourci consiste à raisonner non pas pour trouver la vérité, mais pour confirmer ce que l’on croit déjà ou ce que l’on aimerait croire. 

Trois raisons principales nous motivent à faire appel au raisonnement motivé. La première est de protéger notre identité : nos croyances font partie de nous. Les remettre en question, c’est comme recevoir une attaque personnelle. Seconde raison : pour rester cohérents : notre cerveau déteste la dissonance cognitive, ce malaise ressenti quand faits et croyances se contredisent. Enfin, troisième raison, pour survivre socialement : dans les groupes humains d’autrefois, défendre les croyances communes renforçait notre place et notre sécurité.

La mémoire épisodique, c’est notre mémoire des souvenirs vécus. Elle ne se contente pas de stocker des faits, comme la mémoire sémantique dont je vous ai déjà parlé dans un précédent épisode. Elle garde le film complet : le décor, les personnages, les dialogues, les sensations, et surtout l’émotion. C’est elle qui nous permet de revivre mentalement notre premier jour d’école, un dîner entre amis, ou encore une promenade sous la pluie. Et ce qui est fascinant, c’est qu’elle ne sert pas seulement à se rappeler le passé : elle nous permet aussi de nous projeter dans l’avenir, en imaginant des scénarios à venir. Endel Tulving, le neuroscientifique canadien qui l’a formalisée dans les années 70, parle de “voyage mental dans le temps”.

On a tous entendu dire qu’on perdait des neurones avec l’âge. Et c’est vrai. Le cerveau humain, à partir de la trentaine, commence lentement mais sûrement à décliner dans une certaine mesure. Les recherches récentes montrent que l’âge effectif du déclin serait plutôt aux alentours de 65 ans.  Mais ce qu’on sait beaucoup moins, et qui change tout, c’est qu’il est également possible de créer de nouveaux neurones à l’âge adulte. Ce phénomène, j’en ai déjà parlé, porte un nom ; la neurogenèse. C’est d’ailleurs l’une des découvertes majeures des neurosciences modernes. Mais attention, cette capacité naturelle ne se déclenche pas toute seule. Elle dépend de notre mode et hygiène de vie, de notre niveau d’activité mentale, et surtout, de notre volonté d’apprendre.  C’est là qu’entre en jeu un concept clé qu’on va explorer ensemble aujourd’hui : la réserve cognitive. 

Il n’y a pas si longtemps, apprendre signifiait chercher dans des livres, souvent épais, poussiéreux, et parfois obsolètes dès leur parution. Qui n’a pas connu le plaisir – ou la corvée – de feuilleter des tomes de l’encyclopédie Universalis ou Larousse à la bibliothèque pour un exposé ? Aujourd’hui, avec les IA comme ChatGPT, Perplexity ou même les moteurs de recherche intelligents, tout semble à portée de main. Un mot tapé, une question posée, et l’IA nous donne une réponse souvent claire, parfois bluffante. Mais ce n’est plus le savoir qu’on va chercher, c’est l’algorithme qui nous le sert. Et ça change tout. Car l’IA ne transmet pas du savoir, mais de la probabilité linguistique.

L’histoire de l’art de la mémoire débute au moment où Zeus, navré de constater que les hommes oubliaient les serments, les erreurs passées qu’ils refaisaient, s’adresse à Mnémosyne pour leur donner justement de la mémoire, notamment celles des faits passés. Car on ne peut pas apprendre et progresser si on ne se souvient pas de son passé. Pourquoi certaines dates nous marquent à vie ? Comment faire pour retenir plus facilement les dates importantes, qu’elles soient historiques… ou personnelles ? Et quels outils simples peuvent nous y aider ?

Rappelez-vous : lors du Brexit, Boris Johnson promettait sur son fameux bus rouge que quitter l’Union européenne permettrait de « reprendre le contrôle » et de rediriger 350 millions de livres par semaine vers la santé publique. Un slogan efficace, choc, facile à mémoriser, et qui masquait la complexité économique réelle. Pourquoi ? Parce que notre cerveau adore ces raccourcis. Et c’est ce qui permet de favoriser ce qu’on appelle la pensée magique :  une réponse simple à des problèmes complexes, qui reste gravée dans nos souvenirs.

En 2001, Jimmy Wales et Larry Sanger reprennent le rêve de l’Encyclopédie à leur manière. Ils veulent créer une encyclopédie libre, gratuite et universelle. Mais cette fois, grâce à Internet, le projet devient encore plus radical : tout le monde peut y participer. Pas de comité éditorial centralisé. Pas d’agrégation réservée aux experts. N’importe qui, où qu’il soit sur la planète, peut ajouter sa pierre à l’édifice. Jimmy Wales disait : « Nous voulions que chaque personne sur la planète ait accès gratuitement à la somme de toutes les connaissances humaines. »
C’est un pari immense sur l’intelligence collective. Là où l’Encyclopédie des Lumières avait des centaines de contributeurs triés sur le volet, Wikipedia en a des millions. Un espace ouvert, où le savoir ne vient plus d’en haut, mais d’entre nous.

Notre mémoire est une faculté : plus on l’utilise, plus elle reste en forme. Et un des meilleurs moyens de l’exercer, c’est la socialisation. Quand on discute, on se souvient, on raconte, on répond à des questions. On active des zones précises de notre cerveau. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir l’impact de la socialisation sur vos capacités cognitives…

Il y a deux grandes catégories de trous de mémoire. L'oubli par défaut d'encodage correspond à ce type de moment où, par exemple, on vous donne un prénom et vous avez du mal à vous en rappeler. C'est plutôt lié à un problème d'encodage : vous étiez distrait, peu concentré ou pas motivé. Et puis, il y a une autre forme de trou de mémoire, plus mystérieuse : celle où vous avez bel et bien appris l’information. Vous la connaissez. Vous l’avez utilisée, répétée, intégrée. Et pourtant, au moment de la rappeler… c’est le vide. Le blanc. L’impression très étrange de savoir… sans parvenir à retrouver ce que vous savez. Ce type de trou de mémoire est appelé oubli par défaut de récupération. Ce mécanisme pourrait être influencé par un élément souvent négligé : votre horloge interne.

La musique semble influencer nos capacités à mémoriser, récupérer l’information, voire même apprendre plus efficacement. Que dit vraiment la science à ce sujet ? Comment fonctionne ce lien entre musique et mémoire ? Et surtout : comment utiliser la musique pour booster notre cerveau et notre mémoire au quotidien ?