Trois piliers permettent selon moi une certaine efficacité cognitive :
- Les stratégies
- La pratique
- Et de façon plus ou moins directe : vous, au sens large. Votre état de santé et votre état d'esprit. J'aimerais vous en dire un peu plus là-dessus.
Qu'est-ce qui vous motive ?
Il existe deux principales types de personnes : celles actives, qui savent démarrer une tâche, qui aiment l'action même si elles ne terminent pas toujours ces tâches, et les personnes passives qui ont besoin d'être aidées d'une façon ou d'une autre pour s'y mettre.
Les actifs sont déjà autonomes mais pas les passifs qui ont besoin d'une méthode précise pour y parvenir. Il faut le savoir : le cerveau est allergique aux émotions négatives. Toute pédagogie basée sur le contrôle, le jugement ne donne en général pas de bons résultats... Sauf si vous savez gérer la compétition et que ça marche bien pour vous ! Pour progresser, pour avancer, pour rester attentif et concentré vous devez donc idéalement engager des émotions positives.Car on le sait aujourd'hui (et vous vous en doutez), le désir, l'envie, c'est ce qui pousse à agir. Et quoi de mieux qu'une belle promesse ?
Le rôle du sens positif
Qu'est-ce qui pousse efficacement à mobiliser un effort ? Le sens positif que vous lui donnez. Et comment trouver un sens positif ? En étant positif soi-même. Il y a longtemps que je travaille sur cette notion de positivisme. On parle beaucoup de procrastination, c'est très à la mode. Beaucoup de solutions sont proposées. De mon point de vue, je pense que si vous avez du mal à vous mettre en mouvement, c'est que d'une façon générale vous n'êtes pas dans une attitude positive : vous vous focalisez sur l'effort et non pas sur l'objectif qui vous valoriserait ou qui vous permettrait d'atteindre ce que vous visez. Par exemple, quand je me lance dans la mémorisation de prénoms, pour mes interventions, si je me focalise sur l'effort que ça me demande, je peux vite renoncer. En revanche, si je me projette sur la finalité, à savoir que je vais bluffer tout le monde, alors le jeu en vaut la chandelle. Et ça change tout, non ?
Se focaliser sur l'objectif qui vous valorise, vous mettre dans un état positif et dans une attitude de joueur peut naturellement créer une dynamique.
Trouvez des façons agréables pour vous concentrer
La motivation est donc un élément essentiel dans la mémorisation et l'apprentissage. Car elle permet de se concentrer de façon efficace. Qu'est-ce qui peut aussi permettre la concentration de façon agréable et positive ? La musique.
La musique pour se conditionner
Oui, selon différentes études, nous pouvons améliorer d'environ 50 % notre capacité à nous concentrer grâce à la musique. Pas n'importe quelle musique, vous vous en doutez bien : il faut privilégier des musiques sans paroles. Le principe est avant tout d'influencer positivement les émotions et donc l'activité du cerveau.
Ce qu'on sait moins en revanche, c'est que d'autres études ont montré que l'idéal serait d'utiliser la musique pour se préparer à rester concentré. Pour se mettre dans les bonnes dispositions. C'est un chercheur, le professeur Perham[1], qui conclue au cours d'une étude que le fond sonore n'est pas toujours intéressant pendant la tâche. Il recommande de réaliser la tâche dans le calme, ou écouter seulement de la musique avant de réaliser la tâche.
Des histoires et des mises en scène positives pour intéresser
Dans un autre genre, en tant que magicien, il y a bien évidemment des années que je m'intéresse au contrôle de l'attention, de l'intérêt, de la motivation. Que vous soyez artiste du spectacle, conférencier, formateur, enseignant, manager ou juste parent, vous savez qu'il peut être très utile de maîtriser l'attention d'une autre personne. Et une façon simple, rapide et positive de captiver, c'est de raconter des histoires. De belles histoires : celles qui interpellent, avec un début, un milieu, une fin. Au spectacle, pour captiver, l'artiste travaille sur la mise en condition : il plante le décor, soit par un vrai décor, soit par un comportement qui interpelle, qui surprend, voire même qui choque, qui amuse. Observez tous les bons animateurs : ils sont dans une rythmique, dans l'interactivité, dans la variété. Au contraire, les mauvais orateurs sont ennuyeux, statiques, monocordes et introvertis.
J'ai eu la chance de rencontrer un prof d'histoire qui me disait que pour animer son cours il racontait justement des histoires. Je suis persuadé que si tous les profs d'histoire faisaient pareil, des tas d'élèves seraient meilleurs dans cette matière là. Pour captiver un auditoire et maintenir son attention, vous devez idéalement promettre un bon moment, gérer les temps forts et les temps faibles et travailler sur votre personnalité. Sur votre capacité à transmettre de façon positive. J'ai, pour ma part, le souvenir plutôt pénible de mes cours de maths où je devais résoudre des "problèmes". Vous voyez, même ce mot est négatif en soi. A quand des cours de maths où l'élève relèverait des défis ? Vous savez, comme ces nouvelles attractions où on vous enferme dans une pièce et où vous n'avez qu'une heure pour vous échapper ?
Soyez joueur, joueuse
Et c'est peut-être un des grands secrets : celui de jouer, de faire de son environnement un jeu. J'ai la faiblesse de croire que les personnes qui réussissent le mieux sont d'abord joueuses. Elles aiment le défi pour le défi, dans le sens où ça leur permet de progresser naturellement. Elles en font un jeu. Et regardez : n'avez-vous pas l'impression que nos pédagogies contrôlantes, que je juge négatives, nous prépare avant tout à refuser cette notion même de jeu ? On vous apprend à l'école que :
- pour réussir, il faut "travailler", dans le sens "suer", "en baver" : le travail est dès lors rapidement associé à ce "labeur" des devoirs, des révisions, des journées interminables
- la vie n'est pas super drôle : vous êtes bon, on vous récompense, vous êtes mauvais, on vous punit. Soit par des mauvaises notes, souvent par des remarques désagréables, autrefois par des sévices corporelles (qui existent encore certainement dans les familles).
Résultat ? Si, par malheur, vous avez la "chance" d'avoir une activité où vous vous épanouissez, où vous vous éclatez et qui vous permet de très bien gagner votre vie, alors c'est suspect. Et ça n'est pas normal. Pas très positif tout ça n'est-ce pas ?
Acceptez l'idée que tout peut être plus simple : un bon environnement positif, des encouragements, du jeu, du défi amusant : c'est à peu près tout ce qu'il faut pour commencer à mémoriser et apprendre sans trop d'effort.
Notes :
[1] Can preference for background music mediate the irrelevant sound effect ? Nick Perham and Joanne Vizard – Applied cognitive psychology – juillet 2011
Vos réactions (1)
très bon conseil qu'il faut absolument mettre en pratique, parce que les émotions négatives peuvent même entraîner le stress et si je ne me trompe pas le stress favorise la création de cortisol qui peut etre mauvais pour le cerveau