Il y a deux ans environ, je me suis rendu en Martinique : c'était la première fois que je visitais un département Outre-Mer. J'avais beaucoup aimé. Cette année, j'ai trouvé l'occasion trop tentante : terminer l'hiver au chaud, sur l'île de la Réunion.
Située dans l'archipel des Mascareigne, l'île de la Réunion a été découverte en 1500. Elle n'était pas habitée, ce sont donc des européens qui l'ont peuplée. En 1642, les français en ont pris possession et l'ont appelée l'île Bourbon, en hommage à la famille royale. Elle ne prendra le nom de Réunion qu'en 1793.
Visiter l'île au mois de mars est un peu risqué : la saison est tropicale et propice aux différentes tempêtes et autres cyclones. La pluie, sur la partie est, est très présente, même s'il fait très chaud et qu'au final cette pluie rafraîchit volontiers l'atmosphère. Cependant, j'ai trouvé que c'était un excellent compromis : on appelle la Réunion "l'île intense" et je pense que c'est durant cette période qu'elle livre ses différents visages. Par ailleurs, quelle que soit la saison, il y a toujours un endroit sur l'île o๠il pleut et où il fait beau et ça c'est juste génial...
J'ai atterri le 6 mars après une bonne nuit d'avion. Je suis parti de Roissy pour un vol d'environ 11h00. A ce propos, je vous recommande de voyager de nuit, honnêtement ça passe plus vite. Et le réveil est sympa : partir en hiver pour arriver en été, c'est très classe. Surtout que là , à Saint Denis, il faisait 30 degrés dès 9h00 du matin !
C'est à Saint André que j'ai posé mes bagages. J'ai la chance de bien connaître une famille réunionnaise qui m'a gentiment hébergé durant ces deux semaines. Et c'est un avantage certain : j'ai fait en 15 jours bien plus que n'importe quel touriste car grâce aux locaux, j'ai pu me rendre sur les lieux les plus intéressants de l'île et profiter d'un certain réseau bien sympa.
Parlons de l'est de l'île ; si vous voulez vraiment profiter du caractère intense de la Réunion, c'est là que vous devez vous rendre. L'ouest, c'est plutôt les plages et, comme le disent les réunionnais, le repère des "z'oreilles" : Z'oreilleLand, c'est à dire les métropolitains. Il ne faut pas mal le prendre même si, parfois, ça peut être agaçant de profiter d'une étiquette. Nous ne sommes pas forcément habitués en tant qu'européens blancs à vivre une certaine forme de discrimination. Relative, je précise, car les réunionnais sont charmants et très accueillants.
A l'est, vous profiterez de la verdure, de la Plaine des Palmistes, du cirque de Salazie, des cascades, du littoral de Sainte Rose... Bref, c'est vraiment une région étonnante avec à l'extrémité le Piton de la Fournaise : le fameux volcan.
A mon arrivée, j'ai pu tout de suite me mettre dans le bain et me rendre près de Saint André, aux Berges, près de la jolie Rivière des Roches qui donne le ton. Puis, immédiatement, à quelques kilomètres de là , le Bassin de la Paix vous offre une magnifique cascade qui vaut vraiment la peine de descendre puis remonter les quelques 200 marches. Qui, au passage, vous entraîneront pour les futures randonnées que vous ne manquerez pas d'entreprendre...
A l'assaut du volcan, premier essai
Dès le lendemain de mon arrivée, nous sommes montés dans les hauteurs de la Plaine des Palmistes, vers la Plaine des Cafres, à Bourg Murat très exactement o๠une table d'hôte avait été réservée, ainsi qu'une nuit : le Pêcher Gourmand, établissement très sympa que je vous recommande chaudement. L'endroit est relativement frais, ce qui peut paraître déconcertant car à quelques kilomètres de là , sur le littoral, il fait très chaud. Prévoyez donc une petite laine. La Plaine des Palmistes me rappelle l'Auvergne par endroits ; c'est très vert, il y a des élevages, des prairies. Pourtant, pas très loin, le volcan réserve déjà un autre paysage. Justement, c'est notre destination dès le lendemain matin et j'ai vraiment hâte d'y être.
Pour affronter le Piton de la Fournaise, il faut partir tôt. Car il y a deux contraintes. La première, c'est le soleil. Le paysage, lunaire, n'offre aucune protection. Marcher dans ces conditions est juste éprouvant. Le seconde, c'est la météo, imprévisible, surtout en début d'après midi. La chaleur, la proximité de l'océan Indien : les conditions idéales pour la formation de nuages qui peuvent rapidement apporter de la pluie et réduire toute visibilité.
Et à propos de visibilité, la chance n'est pas de notre côté. Arrivés au Pas de Bellecombe, l'horizon est bouché ! Si les locaux sont déçus pour moi, de mon côté je trouve le spectacle fascinant et même incroyable, presque cauchemardesque. Le chemin qui mène à la maison du volcan est défoncé et nous secoue. Plus nous montons, plus le temps se dégrade. Au parking, je tente une sortie. Une violente tempête s'est levée ; je n'ai pas fait 10 mètres que je suis tout trempé, de la tête au pied. Il n'y a rien à voir, je rentre dans la voiture, frigorifié. Tant pis !
Nous reprenons la route, direction Saint Pierre, dans le sud. Le brouillard, la pluie et le froid laissent peu à peu la place au soleil, les palmiers, l'océan et la chaleur ; en l'espace de 30 mn, le paysage et les conditions météo changent rapidement. Nous contournons l'île par le sud est, en direction du Grand Brûlé, versant ou s'évacue le volcan, où les coulées de lave sont les plus spectaculaires. Dans cette région, une église, appelée l'église Notre Dame des laves a même échappé "miraculeusement" à une éruption : la lave a contourné l'édifice pour l'épargner. C'était en 1977.
Un peu plus haut, en direction de Sainte Rose, nous nous sommes arrêtés à l'Anse des Cascades. Tout aussi enchanteur, cet endroit est le paradis des familles qui viennent pique niquer le dimanche tout en se rafraîchissant. Apaisant, magnifique, le temps s'arrête.
Le volcan, second essai
Par un pur hasard, je rencontre un métropolitain issu de la même ville o๠j'ai grandi ; nous entreprenons de monter le Piton de la Fournaise, en espérant qu'il fasse meilleur. Et c'est le cas ; c'est par une matinée très ensoleillée que j'y retourne, avec la ferme intention de m'approcher au plus près. Sur les guides et à la maison du volcan, ils annoncent 5h30 de randonnée pour atteindre le haut et redescendre. Nous l'avons fait en 4h00 ; nous sommes bons marcheurs, mais pas non plus des furieux ; les temps sont vraiment calculés larges.
La montée du volcan est assez pénible : il n'y a que des roches, le paysage est lunaire et aucune chance de vous abriter du soleil. Prévoyez donc de la crème solaire, de l'eau et de la bonne humeur car au bout d'un moment l'escalade vous paraîtra très longue ; non pas par sa difficulté somme toute relative, mais par la monotonie du paysage. Prévoyez aussi le fait qu'en haut le cratère puisse être bouché... Nous avons eu de la chance, il était très bien visible et pour le coup le spectacle en vaut vraiment la peine. Nous y sommes restés un moment, le temps de manger un morceau et d'apprécier la vue sur l'horizon.
La descente est plus facile, sauf l'arrivée : vous devrez escalader près de 600 marches de différentes hauteurs. Si vous pensiez être fatigué près de l'arrivée, vous serez bien lessivé après cette petite épreuve physique. Mais vous aurez bien mérité d'aller vous détendre près d'une plage. Pour notre part, c'est dans la région de Saint Gilles que nous avons décidé de récupérer.
Les plages sont situées à l'ouest de l'île. Elles sont magnifiques et n'ont rien à envier aux îles "cartes postales" ; le lagon vous promet une eau tranquille, transparente et chaude toute l'année. Le sable est blanc à l'ouest et un peu plus volcanique, donc noir, à partir de Saint Leu, plus au sud.
Les réunionnais n'aiment pas trop cette partie de l'île. C'est vrai qu'elle est plus à l'image de la Côte d'Azur. Mais c'est aussi ce qui fait sa richesse : n'importe qui trouve son bonheur à la Réunion et c'est ce que j'ai particulièrement aimé.
En route pour les cirques
Vous ne pourrez pas éviter les cirques, il yen a 3 : Mafate, Salazie, et Cilaos. La plupart des accès à l'intérieur de ces cirques se font par voie aérienne, en hélicoptère ou par les sentiers. J'ai pu tester les deux.
Si vous avez les moyens de le faire, prévoyez vraiment une balade en hélicoptère : c'est juste une expérience "à couper le souffle". En 30 minutes, j'ai ainsi pu découvrir le cirque de Salazie que j'avais parcouru en voiture. Si, du bas, ça reste impressionnant, vu du ciel c'est juste grandiose, comme en témoignent ces images :
Les tarifs sont assez élevés : comptez entre 100 et 250 euros suivant la balade que vous choisirez, mais offrez-vous ce moment, vous ne le regretterez pas. C'était par ailleurs une excellente façon pour moi de me préparer mentalement à la prochaine étape : une randonnée de deux jours dans le cirque de Mafate.
Nous sommes partis de bon matin, direction le Col des Boeufs, à 2000 mètres d'altitude, pour rejoindre La Nouvelle, petit village perdu au milieu de Mafate, à 1400 mètres de hauteur. La première étape, facile, est plutôt descendante et vous fait traverser la Plaine des Tamarins, magnifique. Sauf que vous ne pouvez vous empêcher de penser que descendre implique à un moment donné une remontée. Et sur ce point là , dès le lendemain, nous serons servis.
La Nouvelle est une étape restée sauvage et protégée mais cependant touristique : un gîte, deux bars familiaux, une salle "des fêtes", une école... Il n'y a personne en ce lundi matin et nous assistons à l'arrivée de la maîtresse d'école en hélicoptère. Assez irréel, surtout que les élèves ne sont pas nombreux, 5 ou 6. L'institutrice restera là la semaine. Les habitants, eux, sont garés à deux heures de marche, à pied, et font leurs courses une fois par semaine. Courses qu'ils redescendent à pied également : vous imaginez un peu l'organisation. Parfois, ils louent un hélicoptère.
Après La Nouvelle, direction Marla, à 2h00 de marche ; le paysage est incroyable, on s'en prend vraiment plein la vue. Partis tôt, nous avons été bien inspirés. Le temps, très changeant, nous réserve des surprises. Nous sommes à 1400 mètres et il faut remonter à 2000 mètres par des endroits escarpés et souvent abruptes. Nous passerons une passerelle, des rivières asséchées et à un moment donné le brouillard et la pluie vont s'en mêler. Remarquez, ça donne un peu de fraîcheur, car la grimpée est rude. Rude et compliquée par la boue qui se forme, les passages glissants et la petite pluie collante...
Nous arrivons finalement à destination, fatigués mais vraiment heureux. Il ne s'agissait que d'un aperçu : l'idéal serait de parcourir les 3 cirques et, pourquoi pas, de s'attaquer au Piton des Neiges en partant de Hell Bourg. Pour ma part, ça sera pour une prochaine fois, le départ est prévu le lendemain. Mais je reviendrai.
Dans votre assiette
Impossible de ne pas aborder la cuisine réunionnaise. Riche par ses différentes influences européennes, indiennes, africaines, je suis résolument fan des rougails, caris, achards, gâteau patate, ti jack, massalé et du piment. Au début, le piment, c'est "détonnant" et si vous n'êtes pas habitué, prenez garde !
J'ai eu la chance d'être hébergé dans une famille réunionnaise et donc de profiter au quotidien de toute la richesse culinaire de l'île et je dois bien vous avouer qu'au retour il faut s'habituer à nouveau aux saveurs métropolitaines, plus "sages". Car l'île de la Réunion est intense jusque dans ses plats ! Donc ne tombez pas dans le piège de manger "métropolitain" : soyez curieux et faites vous inviter par des locaux ou, à défaut, allez dans des restaurants dans la partie est de l'île. Dans la partie ouest, ils cuisinent pour les métros et font attention. Dans les terres et à l'est ils y vont plus franchement.
Bon voyage !
Vos réactions (8)
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Merci Vincent pour ton récit de voyage... ça donne vraiment envie d'y retourner...
Merci Vincent pour ce beau carnet de voyage !
Vivre avec des personnes autochtones est effectivement sans pareil.
Merci Vincent pour ce récit très vivant et imagé, qui donne vraiment envie de découvrir la Réunion.
ça tombe très bien : je compte m'y rendre en fin d'année pour des raisons professionnelles. Je programmerai également une semaine de loisirs sur place !
Yves
Super Yves ! Et encore, je n'ai pas décrit la moitié de mon séjour, j'en suis resté à quelques passages...
Merci Vincent, ce p'tit voyage est juste génial !!!
Effectivement, si vous vous y rendez, ne ratez par le vol en hélico... Paul Pyronnet
Merci pour cette belle description. Je suis Réunionnais et c'est rare de voir des descriptions aussi plaisantes. Merci. Et j'adore ce que vous faite! La mémoire, le développement personnel c'est passionnant!
Merci pour ce carnet de voyage,très précis,cela donne envie de s'y rendre.....
Carrément ! Allez-y !
Je viens de terminer "Les esclaves oubliés de Tromelin" ***** - une minuscule île à 100 km de Madagascar -et j'ai voulu faire des recherches sur des iles de l'océan Indien. Je suis "tombé" sur ton carnet de voyage et vraiment c'est extrêmement intéressant à lire et donne le goût d'y aller. Merci beaucoup Vincent !
Merci Claude, oui vraiment une très belle île .