C'était il y a un peu plus de deux ans, presque trois réellement. Dans le cadre de mes conférences, je m'amusais à mémoriser un magazine "people" pour faire un peu de show. Et puis, un jour, je me suis demandé pourquoi je n'appliquerais pas ça à un projet plus motivant, comme par exemple la mémorisation d'une encyclopédie.
Le projet était de taille. Ambitieux. Il fallait trouver les informations. Des sponsors. Des chercheurs. Et il fallait mémoriser, surtout. Aujourd'hui, le plus gros est fait et ça n'est pas la mémorisation qui a pris le plus de temps. C'est la méthode utilisée qu'il fallait définir pour ensuite l'enseigner.
Aujourd'hui, on peut définir un processus de mémorisation en trois étapes : l'acquisition, la rétention et la récupération. Ce processus est volontairement très simple : dans les faits, la mémorisation est une action complexe qui implique différentes zones cérébrales.
- L' acquisition : il est important d'acquérir ce qu'on souhaite mémoriser de façon optimale. C'est la base même de la mémorisation. De la qualité de l'acquisition dépend la mémorisation. D'une façon générale, l'acquisition est tributaire de l'intérêt, mais aussi de l'attention. S'intéresser tout en étant attentif permet de comprendre l'information.
- La rétention : c'est la capacité de retenir les informations mémorisées pendant un certain temps de façon à la maintenir active. C'est notamment le rôle de la répétition de favoriser la rétention.
- La récupération : récupérer l'information pour pouvoir s'en servir, c'est le but même de tout acte de mémorisation. Les indices permettent de récupérer une information. C'est ausis le rôle des procédés mnémotechniques.
Notez : Les 4 étapes de l'apprentissage selon Maslow : dans tout apprentissage, nous sommes d'abord des incompétents inconscients. Nous ne sommes pas bons dans telle matière mais nous ne le savons pas. Puis, d'inconscients, nous devenons des incompétents conscients. On s'est frotté au problème et on s'est rendu compte que, finalement, on n'était pas très doué ; nous devenons alors des compétents conscients. Nous savons faire, mais il faut beaucoup réfléchir. Finalement, ultime étape, nous progressons pour accéder à la compétence inconsciente. Nous sommes bons dans le domaine appris et sans y penser.
Apprendre les contenus : par coeur ou pas ?
Apprendre par cœur : ces 3 mots doivent vous rappeler vos poésies, vos tables d'addition, de multiplication et de toute façon l'école avec ses bons et mauvais souvenirs. Souvent critiquée, remise en cause, parfois valorisée, voici mon avis personnel sur cette forme d'apprentissage basée sur la répétition. L'apprentissage par cœur implique deux formes de mémoire : la mémoire implicite , celle que nous sollicitons pour accéder à des souvenirs sans vraiment savoir comment on y accède et qui concerne plutôt les connaissances et la mémoire procédurale qui stocke plutôt les apprentissages moteurs, comme faire du vélo.
Dans tous les cas, il s'agit de savoirs et savoirs faire ancrés dans la mémoire à long terme, donc "difficile à oublier". Le point commun à tout ça, c'est la répétition, l'utilisation répétée pour être plus précis. Apprendre par cœur est fastidieux. Surtout aujourd'hui : les connaissances sont accessibles dans des mémoires externes qui n'oublient rien ; ce sont les disques durs, le cloud et plus généralement les ordinateurs. A terme, il est plus que probable que nos cerveaux soient directement connectés à ces connaissances "en ligne" : une simple pression voire peut être une simple pensée et hop, nous nous connecterons à une masse d'informations "sans effort". Tout nous sera accessible.
Et pourtant, si cette anticipation n'est absolument pas de la science fiction, elle peut poser un problème majeur : la libre pensée, l'esprit critique. Dans un premier temps, surtout : il est fort probable que, telle notre époque, nous soyons "orientés" vers des sources d'informations communes. Avec ce désagrément potentiel : celui d'une pensée "unique", influencée. Apprendre soi-même par cœur présente donc de nombreux avantages ; ces avantages devraient peser dans la balance pour évaluer à nouveau cette notion d'effort. Les voici :
- vous devenez plus efficace car apprendre par coeur vous permet de gagner du temps. Ainsi, il est plus efficace de savoir que 15+12=27 que de sortir sa calculatrice
- vous optimisez vos connexions cérébrales ; ce faisant vous enrichissez les points d'entrées potentiels pour apprendre de nouvelles choses plus facilement : c'est pour ça que les personnes qui apprennent plusieurs langues en apprennent de nouvelles plus facilement, et plus rapidement
- vous devenez plus "averti" : vos connaissances et compétences propres vous permettent d'avoir un avis plus éclairé sur le monde qui vous entoure
- vous devenez intéressant(e) : vous pouvez aborder différents sujets, suivre des conversations
- vous êtes plus vif, plus réactif
- et sans doute bien d'autres avantages
Pour toutes ces raisons, j'encourage les autres à apprendre de nouvelles choses par cœur régulièrement : des notions, des compétences, des savoirs-faire, des savoirs-être.
Le par cœur n'est pas nécessairement du mot à mot ; dans ma démarche de mémoriser une encyclopédie, j'ai surtout cherché à retenir des idées clées par cœur. L'objectif est de pouvoir récupérer instantanément, sans trop mobiliser de ressources, des indices qui me permettent de retrouver des informations clées.
Pour vous entraîner dans cette démarche, vous devez rester curieux, intéressé, et bien évidemment prendre le temps nécessaire pour y arriver. Avec quelques méthodes, cela va sans dire.
Vos réactions (1)
Avis intéressant sur le par cœur, c'est le bon moment actuellement de s'entrainer à apprendre par coeur des textes