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Un mécanisme pour apprendre vite ?

Existe-t-il un mécanisme pour apprendre vite ?
Existe-t-il un mécanisme pour apprendre vite ?
Quel est le rêve secret de la plupart des personnes qui s'intéressent aux stratégies de mémorisation et d'apprentissage ? La capacité d'absorber des données le plus rapidement possible. Oui, mémoriser vite, apprendre vite, ça fait rêver. Car ça renvoie à d'autres désirs secrets : progresser avec un minimum d'effort. Le temps est perçu comme une contrainte. Et on sait que, de toute façon, la fonction cognitive est gourmande en ressources. Tout ça demande un minimum d'efforts. Et le plus difficile, c'est de maintenir cet effort dans le temps : engager la motivation, l'intérêt, l'attention, l'intention... Pas facile !

Bonne nouvelle : une étude très sérieuse pense avoir trouvé un mécanisme permettant d'accélérer l'apprentissage... Tout en conservant son efficacité !

La fin de l'apprentissage "par cœur" ?

Apprendre par coeur
Apprendre par coeur
Vous vous souvenez de vos premières années à l'école ? On vous encourageait à apprendre "par cœur" des poésies, des récitations, des règles de grammaire, de mathématiques... Plus tard, au collège, il fallait apprendre par cœur des théorèmes et bien d'autres informations. Tel un perroquet, vous passiez des heures et des heures à répéter, répéter, rabâcher jusqu'à l'épuisement. Il n'était d'ailleurs pas évident que cet "apprentissage" vous garantisse une bonne compréhension. Mais au moins, vous étiez capable de "restituer". Ce qui est bien ce qu'on attend de la mémoire, après tout : restituer.

Je ne sais pas pour vous, mais moi je me souviens très bien de ces moments pénibles où, le soir, puis le matin, j'apprenais mes leçons par répétition. Par coeur. J'ai même remporté un concours de récitation en CM2 : tout un document sur la découverte de l'Amérique et de Christophe Colomb. Que m'en reste-t-il ? Un souvenir précis du moment où j'ai récité. Du moment où j'ai été récompensé. De mes "adversaires". De sensations. De l'enseignante. Mais du contenu ? Ma foi, pas grand chose. Pourtant, il me semblait l'avoir appris par cœur ! A moins que...

L'origine du "par cœur"

Revenons quelques siècles en arrière. Il y a fort longtemps, dès l'Antiquité, les êtres humains ont cherché à comprendre le secret de la déesse de la mémoire : Mnemosyne. A l'époque, être capable de mémoriser était vital : il en allait de la survie de l'espèce humaine. C'était bien grâce à cette mémoire qu'on pouvait conserver les savoirs et, surtout, les transmettre ! Cette faculté, mémoriser, était donc considérée comme divine : quiconque possédait une bonne mémoire était l'égal d'un dieu ! Ici, en l'occurrence, une déesse : Mnemosyne.

Et à force de chercher, les êtres humains découvrent plusieurs éléments clés :
  • le rôle de la localisation, qui donnera naissance à la méthode des lieux
  • l'astuce des associations d'idées : une information se rappelle mieux si elle est "accrochée" à une autre, plus ancienne et bien ancrée
  • le rôle des émotions, notamment du cœur : on avait remarqué que lorsque le cœur battait fort, on retenait mieux.
Vous l'avez probablement expérimenté vous-même : quand il y a un intérêt fort, un "coup de coeur", l'attention est bien plus affûtée et notre perception également. Les amygdales (celles du cerveau) se mettent en branle et consolident mieux l'information. On pensait, à l'époque, que le siège de la mémoire était le cœur ! Et c'est comme ça que, bien plus tard, au Moyen-Âge, on invente l'expression "apprendre par cœur" : parce qu'on pense que la mémoire y est : un peu comme si on disait aujourd'hui "apprendre par le cerveau" car on sait maintenant que l'activité mémorielle se situe plutôt au niveau cérébral.

Donc au départ, apprendre par cœur signifie "apprendre avec le cœur", avec passion, motivation. Absolument rien à voir avec l'expression usuelle d'aujourd'hui, qui renvoie plutôt à la répétition.

Comment apprendre vite et sans effort ?

Apprendre en dormant ?
Apprendre en dormant ?
Dans l'histoire des méthodes d'apprentissage, je pense qu'il existe de tout : des solutions fiables, pragmatiques et d'autres plus ou moins farfelues... Et même carrément utopiques.

Vous vous rappelez de cette promesse qui consistait à apprendre en dormant ? On vous suggérait d'enregistrer votre cours sur une cassette audio et de l'enclencher pendant que vous vous endormiez. La publicité, graphiques à l'appui, vous montrait des ondes cérébrales et faisaient un lien entre ces ondes "alpha" et l'apprentissage. Le graal !

Est-ce que ça marche ? Non. D'abord, pour mémoriser efficacement, c'est quand même mieux d'être actif et attentif. Dormir est une activité passive. Certaines études, notamment celle de Thomas Andrillon[1], du CNRS, ont montré cependant que certaines phases du sommeil permettaient certains apprentissages. Dans une expérience menée sur des sujets de 18 à 35 ans, ils ont réussi à implémenter l'apprentissage d'un bruit, proposé lors des phases du sommeil léger et paradoxal. Ou plutôt, les 20 participants étaient capables de reconnaître au réveil le bruit diffusé. On est loin d'un cours d'histoire. Et la contrainte reste de diffuser l'information au bon moment. L'étude ne dit pas si l'information diffusée interfère avec la qualité du sommeil dont le rôle est aussi de consolider les informations et d'effacer ce qui ne sert à rien.

Parmi les autres méthodes, on a vu celles impliquant l'hypnose ou encore la méthode Lozanov pour les langues. Mais aucune étude sérieuse n'a montré l'efficacité de ces approches. Le bon sens peut nous laisser supposer que l'état hypnotique nous rendrait plus vigilant, plus attentif cependant. Mais a priori, rien ne remplace un bon traitement conscient de l'information.

Enfin, presque, puisque des chercheurs semblent avoir découvert un mécanisme d'apprentissage révolutionnaire...

Un mécanisme cérébral d’apprentissage rapide et efficace

L'étude se passe à l’École des sciences psychologiques et de l’École des neurosciences de l’Université de Tel-Aviv, sous la direction du Docteur Nitzan Censor[2]. Imaginez un groupe de 70 personnes de plus de 18 ans. On les expose à des stimuli visuels de quelques millisecondes sur un écran. Des informations simples : des lignes, des lettres. On leur pose des questions et on mesure les performances. Puis on les invite à revenir à 3 reprises pour des séances de réactivation sous forme de flashes. La durée des séances ? 10 secondes, pas plus ! Avec l'hypothèse ambitieuse que ces moments brefs suffisent pour réactiver et encoder durablement l'information.

Les résultats sont sans appel : les performances augmentent de 20 à 30% sur des étudiants volontaires et la pratique semble être prometteuse y compris pour les personnes atteintes de lésions cérébrales. Le Docteur Nitzan Censor conclue : "Si de courtes stimulations de la mémoire suffisent à activer et à améliorer l’ensemble du réseau mémoriel qui a été encodé dans le cerveau, il sera possible de développer dans l’avenir des stratégies d’apprentissage beaucoup plus économiques et efficaces que celles qui sont couramment employées aujourd’hui".

De quoi permettre à tout un chacun de mémoriser une encyclopédie à vitesse grand V ? L'avenir nous le dira !

Notes :

[1] www.cnrs.fr/fr/le-cerveau-endormi-reste-attentif-son-environnement

[2] www.israelvalley.com/2019/12/neurosciences-et-memoire-dr-nitzan-censor-de-luniversite-de-tel-aviv/

Vos réactions (1)

le par coeur me rappelle à moi aussi de mauvais souvenir d'école.
Après, je pense personnellement, qu'il faut quand même travailler un minimum en utilisant les techniques qui marchent si on veut apprendre vite.

par Nico , il y a 4 ans
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