Avez-vous déjà vu ce film, Amour et Amnésie avec Adam Sandler ? Dans ce film, il est question d'un vétérinaire, Henry, qui rencontre Lucy. Rapidement, il se rend compte que Lucy ne semble pas se rappeler de lui et le prend pour un pervers : on apprend alors qu'en fait Lucy a été victime d'un grave accident qui fait qu'elle n'est plus capable de construire de nouveaux souvenirs. Et c'est parce qu'il est vraiment amoureux d'elle qu'Henry essaye chaque jour de l'aider à progresser. C'est basé sur l'histoire réelle d'Eugène Pauly qui suite à un coma ne pouvait rien se rappeler au delà de 60 secondes.
Imaginez : il ne pouvait rien se souvenir au-delà de 60 secondes. Comment feriez-vous ? Par exemple, vous pourriez lui parler et le quitter une ou deux minutes : à votre retour, il ne se rappellerait même pas de vous. Et pourtant, malgré ce handicap, il a su développer une stratégie pour retrouver le chemin afin de rentrer chez lui.
Quelle était cette stratégie ? La répétition : durant de nombreuses semaines, il a répété, répété et encore répété le chemin qui le ramenait à la maison. Le résultat de cette répétition, vous l'avez bien compris, c'est l'habitude : quelque chose qui vous permet d'agir sans y penser, de façon automatique, sans trop d'effort. L'habitude implique la mémoire procédurale.
Vous avez développé des tas d'automatismes tout au long de votre vie : il n'y en a pas de bons ou mauvais pour votre cerveau. Si vous avez l'habitude de courir à 17h00 ou de fumer une cigarette à 21h00, c'est la même chose. Même si, on est bien d'accord, courir est sans doute meilleur pour votre santé que fumer, la vérité c'est que si vous avez programmé des habitudes, il est difficile de passer à travers car ça fait partie de vos routines de vie, celles que vous pratiquez sans effort.
Or, le saviez-vous ? Votre cerveau va naturellement éviter les émotions négatives. Et au départ, un effort est une émotion négative. C'est difficile. La seule façon de changer une habitude est pourtant de passer par votre volonté d'en changer, et donc de répéter un nouveau comportement suffisamment longtemps pour qu'il devienne automatique.
Combien de temps pour développer des automatismes ?
A votre avis, il faut combien de temps pour changer des habitudes et accéder à l'automatisme ? Vous avez peut être lu qu'il fallait 21 jours pour obtenir des résultats. ça n'est pas tout à fait vrai. On a demandé à des participants de faire une action en rapport avec leur santé : boire un verre d'eau ou manger un fruit dans la journée. Tous les jours les participants devaient répondre à cette question : est-ce difficile de respecter ces actions ? Doivent-ils réfléchir ? Ou au contraire ont ils réussi à s'habituer ?
Il s'est avéré que l'automatisation apparaissait plutôt à partir de 66 jours. Mais l'automatisation n'est pas l'habitude ; la moyenne variait de 18 à 254 jours ! ça variait en fonction des individus et des habitudes qu'ils voulaient développer.
Boire un verre d'eau au réveil, par exemple, était plus facile à mettre en place que faire 50 flexions avant de prendre son petit déjeuner. En fonction de la difficulté de l'habitude que vous souhaitez développer, il vous faudra donc plus ou moins de temps.
Par ailleurs, une étude a montré que les personnes ayant le plus haut niveau d'auto discipline ont également développé les bonnes habitudes. Mais les personnes qui ont développé les bonnes habitudes ont également développé leur niveau d'auto discipline : ça marche dans les deux sens.
Ce que vous devriez retenir à ce stade, c'est que pour parvenir au succès d'une tâche quelle qu'elle soit, vous devez :
- entraîner votre force de volonté par la répétition de tâches afin que cette capacité devienne une habitude
- par répercussion favoriser votre auto-discipline
- qui elle-même va vous permettre de mieux gérer votre motivation
- et idéalement privilégier la motivation activée par le système rationnel, celui qui vous permet de persévérer dans le temps
Mais pour y parvenir, il vous manque un dernier élément FON-DA-MEN-TAL.
Ce qui pousse à l'action c'est...
Connaissez-vous la Delancey Street Foundation ? C'est un centre de réadaptation pour les criminels, les alcooliques et les drogués. Ce centre est entièrement géré par les personnes qui suivent le traitement. Il n'y a donc pas de bénévoles, de thérapeutes ni de gardiens. On pourrait penser que réunir dans le même lieu des criminels, des drogués et des alcooliques est propice aux drames en tout genre, mais non : fin 2011, 18.000 personnes ont quitté cette fondation avec succès.
Mieux, ils sont très nombreux à être ensuite devenus juristes, médecins, enseignants, entrepreneurs et même policiers ! Le plus étonnant, c'est que dans le lot certains ne savaient même pas lire en arrivant et ont pourtant pu non seulement apprendre à lire mais en plus finir un parcours d'études.
Qu'est ce qu'il se passe à l'intérieur de ce centre de réadaptation qui fait que ces personnes, souvent mises de côté par la société, parviennent malgré tout à changer leur vie ? Il y a deux règles fondamentales. Avant de créer la Delancey Street Foundation, Mimi Silbert était psychologue. Elle intervenait en prison. Malgré des thérapies qui motivaient les prisonniers à changer de vie, au final rien ne changeait vraiment. Au bout d'un certain temps les mauvaises habitudes reprenaient le dessus.
Rapidement, elle a compris que la thérapie ne changeait pas le comportement. La seule conscience qu'il fallait changer de comportement ne provoquait pas forcément ce comportement. Elle a donc changé de stratégie avec une idée en tête : une action continue, durable. Car ce qui manque souvent dans le désir de changement, de progresser, c'est d'agir durablement. Comment motiver et favoriser l'effort de volonté ? Celui qui engagerait l'auto-discipline ?
Mimi Silbert a donc eu l'idée d'ouvrir ce centre de réadaptation avec une règle simple : celle que chaque nouvelle recrue intègre un groupe de 10 personnes. Et dans chaque groupe, chaque personne a pour responsabilité de prendre soin d'une autre qui elle-même prend soin d'une autre personne etc.
Voici ce qu'on disait aux nouveaux arrivants : « C'est ta nouvelle famille. Oui, tu as fait beaucoup de mauvaises choses... mais je m'en fiche de ça, car nous allons apprendre maintenant à s'occuper des autres personnes. Nous n'avons pas d'équipe, donc nous allons devoir compter sur toi. Tu vas devoir s'occuper d'une personne « en dessous » de toi et moi, je vais t'apprendre comment le faire. Je sais que cela ne t'intéresse pas forcément pour l'instant mais tu vas devoir te comporter comme si ça t'intéresse car la personne dont tu vas t'occuper n'a personne à part toi ! Et toi, tu n'as personne a part ton tuteur « au dessus » de toi . Nous comptons sur les uns et les autres. »
Les résidents- même s'ils ont envie de se tuer entre eux au départ, doivent se comporter comme s'ils prenaient soin l'un de l'autre. Ils doivent se soutenir et donner de l'espoir à l'autre quand une personne est toute proche d'abandonner.
Pour agir efficacement, vous devez avoir le sentiment de faire partie de quelque chose dont vous êtes fier. Quelque chose qui vous implique humainement. Tous les parents connaissent ça : ils décuplent d'imagination quand il s'agit de s'occuper de leurs enfants. Ils sont prêts à s'investir corps et âme. La motivation d'aider l'autre est très forte et favorise grandement l'action. Donner à l'autre est une puissante force qui pousse à l'action.
Et c'est ce que vous devriez retenir au final : atteindre des objectif, réussir, provoquer le succès est un savant mélange de ces différentes capacités que sont l'action, la volonté, l'auto-discipline, les habitudes, la motivation. Tout est lié.
Si vous vous engagez pour quelqu'un d'autre, vous favorisez l'action. L'action, qui demande un effort de volonté, est favorisé si vous vous entraînez à passer à l'action, si vous vous auto-disciplinez et que vous développez différentes habitudes comme la gestion de votre motivation. C'est un tout.
Vos réactions (13)
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Bonjour,
Je puis attester que c'est le meilleur moyen de changer d'habitude. Ainsi, pour les fumeurs, devoir abandonner la cigarette en ayant quelqu'un qui ne peut vivre dans la fumée.
La responsabilité donne le courage nécessaire, puisque la vie de l'autre en dépend, alors que pour soi-même, on n'y parvient que difficilement.
Anne.
Bonjour Vincent et Nicolas
J'approuve tout de suite le fait qu'il faille , non seulement du temps, mais que cela dépend aussi des personnes et des habitudes à prendre.
Bien à vous
Merci pour cette vidéo qui n'emploie pas de langue de bois, de méthode coué, mais plutôt une vrai démarche de vérité et d'efficacité. Continuez à nous enrichir! Nous en avons besoin. Il est dit tant de choses fausses et contradictoires entres elles. Éloge du VRAI effort efficace sur lequel nous et nos enfants avons tant besoin de réfléchir dans ce monde de confort et de facilité.
Article parfait. Dans la vérité autant que l'efficacité.
Très intéressant! Le nœud se situe justement sur l'entraînement de sa force de volonté. Et l'expérience de Delancey Street Foundation est très passionnant.
Merci Vincent.
Merci pour cette enrichissant vidéo !
qu estce que vous pensez d'Emile coue qui disait si devenir la chose qu on a l'esprit ,c'est faire la repetition pendant 21 jours ,le sujet en question doit le faire 2 ou 3 fois par jours .Expliquez moi ca la je suis un peu confuse
On ne remet pas en question "la méthode Coué" ; mais c'est un sujet souvent abordé sur ce site : favoriser la pensée positive est très bien mais ne dispense pas de passer vraiment à l'action. Surtout, la méthode Coué a bien souvent été exagérée dans ses résultats
Merci,un tres bon article sur l'importance de la volonte qui cree la motivation d'aller en avant,de progresser dans un domaine qui nous interesse.L'homme va faire une chose s'il est oblige,ou s'il trouve une motivation.Et pour apprendre tres bien une habitude,une lecon, une poesie tout eleve doit repeter plusieurs fois.N'oublions pas que la repetion influence notre subconcient,en nous aidant ainsi a evoluer,a nous guerir si on connait bien certaines pratiques.l'homme peut faire des choses tres difficiles s'il est motive,et s'il a la volonte necessaire d'agir en toute conscience.Merci encore une fois.
ça fait un moment que je m'intéresse au développement personnel on nous parle de pensée positive d'autosuggestion d'auto-hypnose d'imagination de visualisation de relaxation de méditation,de de la loi de l'attraction, qu'il suffit de penser pour obtenir et vous vous mettez tout cela a mal, parlez de volonté d'efforts de travail de persévérance...
Comment concilier ces deux optiques?
Merci pour cet article très intéressant. L'expérience de la Fondation Delancey Street est remarquable. Il devrait y avoir davantage d'initiatives de ce genre. Aider quelqu'un, se sentir utile, est un moyen extrêmement puissant de s'aider soi-même, tout en aidant autrui, et donc un peu aussi le reste du monde. Nous sommes tous interconnectés. Ce principe pourrait aussi s'appliquer dans les école. Au Canada par exemple, on demande souvent aux élèves d'être tuteur pour un enfant plus jeune. Rien de tel pour booster la confiance en soi et tout le monde est gagnant. On est un peu loin de ce concept en France, mais les choses peuvent changer.
Bsr cher Vincent, c'est épatant comme méthode. Merci bcp
Ceci ressemble beaucoup aux NA narcoticanonymes.il y a des réunions un parainage,une possibilité de tel jours et nuits aux autres membres pour être aide ET un programme en douzes étapes supervisé par les parais marraines.La également il n y a pas de jugement,tous les membres ont été narcodependants et connaissent les étapes pour s en sortir......