Léna, 7 ans, 100 décimales de Pi !

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Comment mémoriser : Mnémotechnique et mnémonique

Article de Patrick Boutain
Article de Patrick Boutain
Fut un temps où les enseignements se basaient uniquement sur la mémoire et laissait peu de place au jugement, à la réflexion personnelle. 
La nouvelle pédagogie a fait passer la culture de l'esprit et délaissé le savoir mnémonique, sans se soucier du développement lié aux dernières recherches en neurosciences. Pour cela je vous conseille de lire ou de relire "Les 10 secrets de votre mémoire" de Vincent.
Afin de conserver, tout au long de cet article, une représentation commune des termes Mnémotechnique et Mnémoniques, recadrons ensemble ces deux mots...
La mnémotechnique est l'ensemble des méthodes et techniques permettant de mémoriser grâce à deux types d'associations d'idées : 
  • naturelles, sont celles qui existent dans votre environnement familier, comme un décor, un scénario répété x fois. Des associations que vous construisez entre les objets (les sons) perçus, vos représentations du monde qui vous entoure.  Pour prendre l'exemple de l'association libre, si vous pensez à un ordinateur les images ou associations qui vous viennent sont probablement : écran, clavier, souris etc.) ; 
  • artificielles, ce sont des créations volontaires conçues à partir de vos perceptions sensorielles (yeux, oreille etc.). Prenons l'exemple suivant : imaginez un éléphant au volant d'une 2 chevaux Citroën !
Et l'idée dans tout ça, c'est quoi au juste ?
La classe d'une école de village en Suisse, en 1848 (peinture d'Albert Anker, 1896)
La classe d'une école de village en Suisse, en 1848 (peinture d'Albert Anker, 1896)
Une idée correspond à la représentation d'une saynète et/ou d'un message précis comme le panneau "sens interdit". C'est cette représentation qui est appelée mnémonique (ici mnémonique visuelle).  
Elles sont aussi verbales (sonores) sous forme de phrases ou de petites histoires faciles à retenir. L'exemple de cette célèbre phrase mnémotechnique qui permet de se souvenir des conjonctions de coordination : "Mais où est donc Ornicar ?" (mais, ou, et, donc, or, ni, car). Néanmoins trompeuse sur les deux mots surlignés, cette méthode montre là ses limites, nous verrons cela un peu plus loin.
Le mot mnémonique provient du mot grec ancien mnêmonikà³s (de mémoire) et rappelle Mnémosyne, la mère des Muses de la mythologie grecque. Ces deux mots font référence mnemê (souvenir). 
Quelles que soient les constructions servant de mnémonique, l'essentiel c'est le sens premier qui va s'en dégager, sinon l'information sera difficile à mémoriser.

Les procédés mnémotechniques 

La mémorisation, des informations du quotidien, peut être :
  • logique, c'est-à -dire que chaque connexion (réflexe) automatique crée par votre cerveau ou bien celles que vous créez volontairement sont considérées comme logiques. (Quelques exemples : numéros de téléphones, adresses, noms etc.) ;
  • illogique, qui peuvent être sans lien apparent, comme les chiffres, les lettres, les jeux de mots, les cartes, les dessins abstraits, etc.
Voici une idée à recadrer de suite quant à la place des techniques mnémoniques au quotidien : "Elles ne sont qu'une infime partie de votre capacité à mémoriser"

Comprendre les principaux types de mnémoniques

Nombreuses sont les publications qui auraient tendance à mélanger différents types de mnémoniques. Le résultat apparaît pour le lecteur comme une sorte de salade niçoise où il lui est parfois difficile d'y trouver de la cohérence, du sens a fortiori de la compréhension.

Les mnémoniques dites communes

Depuis votre plus jeune âge, les mnémoniques vous sont enseignées et utilisées par vos parents, l'école et en dehors. Vous développez vos propres méthodes de mémorisation. Des techniques si communes que la plupart d'entre vous ne les remarquent même plus, par exemple :
signaux patrickboutain
Sur l'écran où je saisie ces quelques lignes, de nombreuses images (des icônes) me permettent de cliquer de suite sur l'action désirée. Même un enfant de six ans peut le faire, c'est une évidence à notre époque ; les panneaux de signalisations routières et tous les autres, des techniques mnémoniques que nous avons intégrées au quotidien ; l'alphabet de 26 lettres est en lui-même un outil mnémonique (des lettres seules ou associées reliées à des sons) ; des lettres codées par des points et ou des tirets (le Morse) ; l'invention humaine pour mémoriser des chiffres, des numéros de téléphone, des mots étrangers ou techniques souvent rappelés par leur consonance.

Les mnémoniques dites classiques

Les premières mnémoniques seraient originaires de l'Égypte Ancienne, voire quelques traces perçues chez les Mayas mais aucun document ne permet de le prouver. 
L'Art de mémoire (Ars memoriae), est appelé aussi "méthode des loci", "méthode des lieux" ou "méthode de Cicéron" (et bien d'autres¦). Cependant, inventée par Simonide de Céos (poète lyrique grec du Ve siècle avant J.C.), l'existence de cette méthode est rapportée par un document en latin, dénommé La Rhétorique à Herennius (Rhetorica ad Herennium), écrit vers 85 avant J.-C. d'auteur inconnu. On trouve aussi quelques écrits sur cette méthode chez divers auteurs, comme Cicéron et Quintilien qui sont les autorités principales de l'antiquité. (Sources : Frances Yates (traduction de Daniel Arasse), L'Art de la mémoire "The Art of Memory ", Paris, éditions Gallimard, coll. « nrf », 1966).
Cet art fut enseigné pendant des siècles dans les universités, comme constituant une partie de la rhétorique (l'art de bien parler) et de la dialectique (méthode de discussion, de raisonnement, de questionnement et d'interprétation). 
Cette méthode classique était utilisée comme auxiliaire dans le rappel de discours ou de sermons.  Elle recommandait de mémoriser une information déjà transformée en image. Composée de deux groupes d'imageries : 
  • celles constituées des pièces ou lieux de votre palais mental servant à créer des séquences d'images ;
  • celles qui codent l'information elle-même.
Ces classiques se sont pourtant scindés en deux branches. Celle soutenue par certaines autorités comme Cicéron qui favorisaient l'utilisation de la pensée visuelle (visuel au sens figuré) pour coder les informations. Puis l'autre branche avec ceux comme Quintilien qui ne recommandaient pas l'utilisation de ces codes figuratifs. Pour ces personnes dans l'impossibilité de créer des imageries mentales, elles devaient créer leurs propres systèmes, les premières graines des mnémoniques pédagogiques. Ces dernières n'évolueront pas jusqu'au 16ème siècle.

Les mnémoniques dites pédagogiques

Celui qui est considéré comme le père des mnémoniques pédagogiques se nomme Petrus Ramus. Ces techniques mettent l'accent sur la mémorisation naturelle liée à la répétition fréquente et soutenue (l'apprentissage par cœur, la réécriture de textes, les lectures répétitives jusqu'à rétention¦). Cela ne vous rappelle rien ? Et oui, ces systèmes sont encore présents dans notre système éducatif officiel.
Constat : selon l'ensemble des ressources abordées, chacun de ces deux systèmes ont leurs avantages et leurs inconvénients :
  • les méthodes classiques sont sûrement plus efficaces par leur rapprochement intuitif avec le fonctionnement du cerveau ;
  • les techniques pédagogiques, par leur simplicité et leur clarté dans l'apparence préférée pour la majorité des pratiquants.

Les mnémoniques dites artistiques

Je vous renvoie ici à l'article de Vincent "Le Mentalisme, le vrai du faux". En effet, les effets de mémoire prodigieuse sont simplement dus au codage des informations à traiter par les artistes. La préparation méticuleuse des codes de transmission entre les protagonistes se fait sur tout (gestes, expressions, tonalités de voix, ordre de mots etc.). C'est la maîtrise des techniques qui permet de créer l'illusion (acceptée par le spectateur qui vient pour cela).

Les mnémoniques dites sportives

Vous avez de nos jours, de nombreux professionnels qui utilisent les méthodes mnémotechniques lors de rencontres internationales. Les sports de mémoire ou de capacités mentales ont leurs propres spécificités. Chaque participant a ses disciplines favorites (chiffres, cartes, noms et visages, calculs etc.). La sélection est rude pour prouver vos compétences avant de pouvoir concourir. 
Pour avoir discuté avec plusieurs champions, il faut leur accorder beaucoup de respect car comme tout athlète (tout sport confondu), ils s'entraînent de nombreuses heures pour arriver à ces résultats. 
Quelles que soient les techniques mnémoniques utilisées, ils permettent à leurs fonctions cérébrales un entraînement régulier.  D'où la prise de conscience à faire sur cette partie visible de l'iceberg "Mémoire" que nous abordons ici : les mnémoniques.
En effet, il ne faut jamais perdre de vue qu'au quotidien la personne qui sait retenir un jeu de carte en moins d'une minute n'est pas forcément apte à mémoriser des règles mathématiques ou un cours de droit. Chaque discipline a ses cheminements différents même si les bases restent similaires pour les mémoriser. 
Les Championnats du monde des sports de mémoire sont organisés par leWorld Memory Sports Council, l'organisme indépendant qui régit l'esprit du sport de la mémoire et qui réglemente les compétitions dans le monde entier. Il a été fondé par Tony Buzan et Raymond Keene OBE en 1991.  
En France, les sports dédiés au mental ne sont pas encore assez mis en avant par rapport à nos voisins anglophones. Notamment au niveau du système éducatif, en Angleterre, des concours sont organisés à l'Université de Cambridge depuis 1997 puis dans les différentes écoles. 

Les mnémoniques modernes

De nos jours, les méthodes et techniques mnémotechniques ont évolué et sont souvent utilisées pour mémoriser un grand nombre d'informations précises considérées jusque là comme difficiles, voire impossibles à retenir avec précision. C'est grâce à de nombreux auteurs qui ne se limitent pas aux anciennes connaissances, que celles-ci évoluent. La mutualisation des savoirs, conjuguée aux dernières recherches scientifiques, permet de progresser sur les mystères du fonctionnement cérébral. 

Conclusion

Il est souvent dit de la mnémotechnie qu'elle remplace la mémoire mais ne la développe pas. Il est vrai que retenir des dates d'histoire avec l'aide de la mnémotechnie n'améliore pas forcément votre aptitude à retenir des dates par la mémoire pure. 
Cependant, la mnémotechnie par sa pratique régulière constitue une excellente gymnastique de l'esprit. 
Elle habitue à manier rapidement les associations et entraîne le pouvoir de concentration. Il ne faut donc pas minimiser l'intérêt de la mnémotechnie qui contribuera indirectement à donner plus de souplesse à votre mémoire pure.
Cet article repose sur trois grandes lignes : 
  • la comparaison de plusieurs types de mnémoniques étudiés, dont les systèmes enseignés par l'italien Giordano Bruno (l'avantage d'avoir une belle-famille italienne) “ dans son livre publié en 1583 "Ars reminiscendi" (L'Art de remémorer) et leurs reprises et améliorations internationales (russes et anglo-saxonnes). 
  • mes propres expérimentations durant ces 40 dernières années et celles suivies auprès de mes étudiants ;
  • mes 7 stratégies de base pour se faciliter la vie au quotidien sous l'acronyme C.E.R.V.E.A.U. (guide gratuit, cliquez sur l'image ci-dessous pour l'obtenir) :

Vos réactions (2)

Bonjour Vincent,
Merci pour ta publication.
Je reste à disposition pour toute question.
A très bientôt,
Patrick

par Hanane . , il y a 12 ans

Bonjour Patrick,

Merci pour ces informations. Je ne connaissais pas le terme mnémonique et je viens de le découvrir.

As-tu déjà pensé as participer à cs concours de mémoire ?

A bientôt,

Al

par Hanane . , il y a 12 ans
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